• C’est en 1963 qu’Henry Ford II, alors président du conseil d’administration et P.D.G. de la Ford Motor Company, se rend dans un village hollandais afin d’y assister au largage de son nouveau yacht. Avant de m’accuser une nouvelle fois de patriotisme, je précise qu’à cette époque, tous les millionnaires américains snobs commandaient leur bateau de plaisance aux Pays-Bas. Je souligne également (sans doute à cause du penchant calviniste des plombiers bataves qui désapprouve fortement le « bling-bling ») que les robinets en or pour les salles de bains étaient fabriqués aux U.S.A.. Les plans du yacht avaient été tenus secrets, car Monsieur Ford était très paranoïaque et frémissait à l’idée que quelqu’un les fit exécuter en plus spacieux. Nonobstant, dans une interview publiée par un grand quotidien néerlandais, son décorateur dévoila que, pour réussir la patine moelleuse donnant aux ornements des cabines un aspect usagé et décrépit, il avait ajouté un peu de bière blonde à la dernière couche : « Je fais toujours ça pour les millionnaires : ils ont horreur de la peinture neuve ».  

     


  • Une de mes plus fidèles lectrices m’a récemment interrogé sur son inclinaison pour une certaine douceur noire pour savoir si ce penchant possédait du snob-appeal. Bonté divine ! à quoi pensent vos vilains esprits ! Certes, jadis la consommation de l’opium était strictement réservée à la fine fleur, dont un grand nombre de snobs intellectuels. Mais dans le cas qui nous préoccupe, il s’agit d’une friandise tout à fait autorisée : la réglisse.

    Les consommateurs les plus aristocratiques de cette substance (qui, toutefois, comme dans le cas de notre chère lectrice, peut devenir une drogue), sont incontestablement les membres de la famille royale néerlandaise. Leurs fournisseurs attitrés sont une droguerie dans la ville pittoresque de Leiden (ici on fabrique encore certains élixirs oubliés comme l’Eau de Carmes) et une autre à La Haye. Il existe aussi une grande « chaîne » de magasins de sucreries, dont les filiales s'étendent de Maastricht aux bords de la Mer du Nord, qui figure sur la liste des commerçants de la Cour de Beatrix (et qui a de ce fait le droit d'accrocher les armoiries royales sur la façade et de les imprimer sur ses emballages), car celle-ci est très nombreuse. Ainsi, même si un de ces représentants doit se rendre dans le coin le plus disséminé du royaume pour y ouvrir une maison de retraite par exemple et ressent après cette besogne ingrate un besoin pressant de sucer quelques bonbons à la réglisse, il ne sera jamais très loin d’un marchand de son rang.  C’est, en effet, très pratique, cependant nous signalons que certains snobs puristes évitent les établissements qui font partie d’une « chaîne » comme une rage de dents. Il est vrai que le mot n’est pas très seyant. Soit ! Toujours est-il que la consommation moyenne d’un prince ou d’une princesse batave est de deux kilos par an ! Attention à l’hypertension ! 

    Ceci et cela explique sans doute pourquoi les Pays-Bas est le plus grand fabricant de réglisse de l’Europe : on y trouve une centaine de formes, d’origines, de couleurs et de goûts différents, allant du laurier à l’anis et du sel de mer au miel. Au demeurant, les Cours scandinaves raffolent pareillement de cette gâterie réconfortante. Fâcheusement, en France, cette dépendance est encore très peu connue, une épreuve qui lui octroie nonobstant un snob-appeal formidable, quasi majestueux! Afin de connaître les distributeurs patentés par les tribus de Margrethe II, Carl XVI Gustaf et Harald V, ou, éventuellement, pour savoir s’il reste un peu d’espace dans la prochaine valise diplomatique, il vous suffit de contacter les départements commerciaux des ambassades concernées ou votre ambassadeur sur place. 

     


  • Ingrédients  (pour 4 personnes) : 1 poulet fermier, 1 grosse poignée d’estragon frais, 3 oignons, 3 gousses d’ail, 1 bouquet garni, un peu d’extrait de viande ou 1 cube concentré, 30 g de maïzena (ou fécule), 2 œufs, ¼ l de lait, 1 citron, 30 gr de beurre.

    Préparez le court-bouillon : faites cuire pendant ¼ d’heure dans 1 ½ l d’eau, les oignons, l’ail, le bouquet garni, l’estragon et l’extrait de viande. Pochez le poulet en morceaux. Dès la reprise de l’ébullition, baissez le feu et laissez frissonner pendant 30 minutes. Prélevez ¼ de litre de court-bouillon. Délayez avec la maïzena et faites épaissir sur le feu. Ajoutez le lait et le beurre divisé en petits morceaux. Tournez sans cesse la sauce. Hors du feu, dans une tasse, mélangez les jaunes d’œufs et le jus d’un demi citron. Versez cuillerée par cuillerée cette liaison dans la sauce. Les œufs doivent se coaguler légèrement pour lier la sauce, mais ne doivent pas bouillir. Egouttez les morceaux de poulet. Rangez-les sur un plat préchauffé, nappez-les avec la sauce. Décorez le plat avec des feuilles d’estragon et des rondelles de citron.


  • Ingrédients (pour 4 personnes) : 8 galettes de riz, 250 gr de crevettes, 80 gr de pousses de bambou, 1 carotte, 4 champignons parfumés séchés, 2 échalotes, 4 brins de menthe, 8 feuilles de salade, 1 c à s de fécule, 1 c à s de sauce de soja, 2 c à s d’huile d’arachide, 3 c à s de bouillon de volaille, ½ c à c d’huile de sésame, 1 c à c de sucre, 1 pincée de sel.

    Faites tremper les champignons et décortiquez les crevettes. Faites ramollir les galettes pendant 30 secondes et égouttez-les (surtout, ne les superposez pas). Egouttez et hachez les champignons. Râpez la carotte et émincez les pousses de bambou. Faites revenir les crevettes dans un wok, ajoutez le bambou, la carotte, les échalotes et les champignons. Ajoutez le sucre, la sauce de soja, le sel, l’huile de sésame et la fécule diluée dans du bouillon. Faites cuire jusqu’à l’évaporation du liquide de cuisson. Laissez refroidir. Placez un peu de farce sur chaque galette et roulez-la comme un cigare. Faites frire pendant deux minutes. Servez avec les feuilles de salade et la menthe. 


  • Ingrédients (pour 6 personnes) : 500 gr d’agneau (collier), 3 escalopes de poulet fermier, 6 merguez, 4 c à s d’huile d’olive, 1 c à s de coriandre en poudre, 1 c à c de paprika, 1 c à s de cumin en poudre, 4 courgettes, 2 oignons, 4 branches de céleri, 6 navets, 6 tomates, 1 aubergine, 3 carottes, du safran, 1 petite boîte de pois chiches, 600 gr de semoule, beurre, harissa, sel.

    Coupez le poulet et l’agneau en morceaux. Dans un bol, mélangez l’huile, le paprika, le cumin et la coriandre. Versez cette marinade sur la viande. Mélangez et laissez reposer au frais pendant deux heures. Lavez et détaillez tous les légumes. Pelez, épépinez et mixez les tomates. Dans un couscoussier, dorez la viande et les oignons avec la moitié de la marinade. Retirez la viande et faites revenir les navets, les carottes, l’aubergine et le céleri pendant cinq minutes. Remuez régulièrement. Ajoutez la viande, couvrez d’eau et ajoutez les pistils de safran et les tomates. Laissez mijoter pendant une heure. Ajoutez ensuite les courgettes et les pois chiches. Laissez cuire encore trente minutes. Assaisonnez. Faites cuire la semoule dans le panier de votre couscoussier. Lorsqu’elle est cuite, ajoutez une noix de beurre. Faites griller les merguez ; servez-les à part. 

     


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    Me voilà de retour parmi vous, chères lectrices et chers lecteurs. J’avais tellement hâte de vous écrire, car figurez-vous, ce que j’ai découvert pendant mes lectures estivales dans « La première enquête de Maigret » en version « poche » (vintage bien sûr) m’a fortement agité : on tue par snobisme ! Et oui !  Dans cette enquête, la victime est un certain comte d’Anseval, connu sous le nom de « Bob », dont le château avait été acheté par une famille de nouveaux riches totalement dépourvue de généalogie palpitante. Simenon précise que les Anseval n’avaient pas été « chics » avec eux: ils avaient vendu le château et les fermes et s’étaient retirés discrètement. Un peu trop discrètement même, car ils n’avaient pas voulu – même pas juste une seule fois - recevoir les nouveaux châtelains à dîner, ou même à déjeuner. Malheureusement, on n’achète pas ses ancêtres. Alors, dans son testament, le grand-père de cette famille de parvenus avait mis des clauses très explicites dans son testament incitant sa petite fille à épouser un Anseval afin que la famille puisse remonter aux Croisés ! Par chance, celle-ci était mordue pour s’appeler comtesse d’Anseval. Mais, par malheur, c’est le comte qui n’en voulait pas….

    Bien entendu, je ne veux pas qu’un tel drame vous arrive ! Du coup, je me suis fait des soucis pour vous. Enormément de soucis ! Ca a presque gâché les plaisirs de mes vacances. J’espère toutefois que vous êtes toujours élégamment installé dans votre Bertoia ou bergère Louis XVI, appréciant les bienfaits d’un rooibos de Betjeman & Barton, au lieu d’être questionné par des policiers qui sentent le fauve, sur un tabouret sans marque dans une cellule un peu trop dépouillée à votre goût. Si toutefois vous avez besoin d’un témoin à décharge, je me tiens à votre disposition. En tant qu’expert en snobisme, je pourrais peut-être souffler au jury et aux juges que le snobisme soit une chose fort humaine, que l’humanité entière en souffre et que pour certains snobs, cela devient une véritable obsession, voire un traumatisme. Cela pourrait considérablement adoucir la sentence. Votre avocat en sait probablement bien plus que moi. Vous cherchez un avocat snob ? Mais voyons ! Tous les avocats en sont ! Et en prison ? Je n’ai là aucune expérience, mais mon collègue, le Duc de Bedford, nous signale qu’une hiérarchie très stricte est maintenue dans les prisons. Selon lui, les prisonniers aux incarcérations longues snobent ceux qui n’y séjournent que quelques semaines, les criminels professionnels snobent les amateurs et les voleurs d’occasion, et les armoires à glace snobent les faussaires de billets et les souteneurs.

    Grosso modo : vous pourriez toujours y exercer votre snobisme ! Merci, grand merci, cher collègue, vous m'avez soulagé d'un poids qui pesait très lourd sur ma conscience. Maintenant que je sais mes lectrices et lecteurs à l'abri, j’ai presque envie de retourner à mes villégiatures….

    Singulièrement vôtre,

    anton@snoblissime.com


  • Ingrédients (pour 4 personnes) : 1 poulet d’1 kilo découpé en morceaux, 800 gr de tomates, 1 verre de vin blanc, 100 gr de poivrons verts hachés, 100 gr d’oignons hachés, 2 gousses d’ail, 1 c à s de persil haché, 1 brin de thym, 2 feuilles de laurier, sel, poivre en grains.

    Mettez les tomates pelées, épépinées et concassées dans un fait-tout. Laissez fondre à feu doux. Salez et poivrez. Faites mijoter pendant 10 minutes. Ajoutez l’ail, le persil, le thym et le laurier. Placez les morceaux de poulet. Remuez bien. Ajoutez ensuite l’oignon, le poivron et le vin. Couvrez et cuisez doucement pendant une bonne heure. Découvrez si nécessaire et vérifiez l’assaisonnement avant de servir. 


  • Vous n’allez sans doute pas me croire, mais la plus banale et la plus insipide des boissons terrestres, qu’elle soit douce ou salée, avec bulles ou plate, dégouline littéralement de snob-appeal. L’eau ? Mais, c’est pour les canards, diront les snobs à vin. Il faut toutefois admettre que le snobisme des eaux a gagné du terrain. Le Waterbar de Colette, ses « vitaminwaters » et les eaux parfumées en sont la preuve. Une des eaux minérales la plus snob reste Châteldon, dont, selon la légende, les bonbonnes étaient transportées à dos de mulet depuis l’Auvergne jusqu’à la table de Louis XIV. L’eau bretonne commercialisée sous le nom d’Isabelle provient d’une source appelée « Source de la Reine ». Il est cependant peu probable qu’il s’agisse d’Isabelle II d’Espagne, car celle-ci ne buvait que du Contrexéville. Quant au succès mondial de Perrier, elle le doit à un membre de l’aristocratie anglaise, qui l’introduit au Buckingham Palace où elle reçut le titre ultra-snob de Fournisseur Breveté de sa Majesté le Roi d'Angleterre. Aucune marque de champagne pourrait se vanter tant !

    Aux rares design-snobs en Auvergne, je conseille la bouteille de Saint-Géron. En Corse, ceux-ci pourraient se déshydrater avec l’eau de Saint Georges dont l’emballage est signé Philippe Starck. Sans oublier l’eau de Lourdes que l’on achète dans des récipients parfois très décalés.

    Les snobs de la petite adresse savent sans doute déjà que la France profonde est quasiment inondée de petites sources fournissant des eaux encore délicieusement inconnues comme l’eau Dupré qu’on trouve uniquement dans quelques hameaux ardéchois.

    Les eaux étrangères ? Oubliez alors les clichées comme San Pellegrino ou Bru et servez plutôt une eau exotique en provenance de l’Afrique du Sud, des îles Fiji, d’un iceberg ou des neiges éternelles, mise en bouteille au Japon ou en Patagonie. Si vous avez les facultés de vous faire importer une eau rare du Caucase ou d’une île privée suédoise, ne vous gênez surtout pas, éventuellement par la valise d’un ambassadeur. Certes, il y a des mauvaises langues qui disent que les diplomates de nos jours ne sont plus que des vulgaires garçons de courses. Mais à dos de mulet, ça prendra vraiment trop de temps ! 

     


  • Ingrédients (pour 6 personnes) : 100 gr de riz, ¾ l de lait, 5 c à s de sucre semoule, 1 paquet de crème instantanée à la vanille, 60 gr de fruits confits, 2 verres à liqueur de rhum, 12 morceaux de sucre pour le caramel.

    Coupez les fruits en morceaux et mettez-les à macérer dans le rhum. Lavez et égouttez le riz, mettez-le à bouillir 2 à 3 minutes dans une casserole d’eau. Egouttez-le. Faites bouillir le lait. Jetez-y le riz, couvrez à demi pour éviter une trop grande évaporation et poursuivez la cuisson à feu très doux pendant ¾ d’heure environ. Sucrez. Ajoutez la poudre contenue dans le paquet de crème instantanée et laissez cuire encore 3 minutes en remuant à la spatule. Ajoutez les fruits confits. Caramélisez un moule à manqué. Pour cela, humectez d’eau les morceaux de sucre. Placez-les dans le moule et mettez sur feu moyen. Dès que le sucre a pris une couleur blond foncé, retirez le moule du feu et inclinez-le de tous les côtés pour que le caramel recouvre bien les parois. Versez le riz dans le moule caramélisé et laissez refroidir avant de démouler. 


  • Ingrédients (pour 4 personnes) : 700 gr de faux-filet de bœuf, 175 gr de foies de volaille, 100 gr de crème de fromage de Hollande, 1 poivron. Pour la marinade : 1 verre d’huile, 3 échalotes, 4 brins de persil, ¼ de c à c de chili en poudre, ¼ de c à c paprika en poudre, sel.

    Dans un plat creux, préparez la marinade : épluchez et hachez finement les échalotes, hachez le persil et mettez-les dans le plat avec l’huile et les épices. Salez. Nettoyez les foies de volaille et coupez-les en dès. Coupez également le faux-filet en dès. Mettez-les à macérer dans la marinade en les retournant plusieurs fois. Au moment de préparer les brochettes, lavez le poivron, essuyez-le, enlevez pédoncule et graines, et coupez en grosses lamelles. Coupez le fromage en cubes. Alternez sur chaque brochette bœuf, fromage, foie, poivron, etc. Faites griller 5 à 6 minutes sur le gril très chaud en retournant plusieurs fois pour que les viandes soient cuites à cœur et le fromage coulant et doré.