• Tant que la crise persiste, restez au lit ! 

     

    Couette snob


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    L'image choc du jour: ce pauvre malheureux renne qui rentre en Laponie, chargé de cadeaux Hermès non distribués ! Prions que la crise soit finie avant que les cloches quittent Rome ! 




  • « Il n’y a pas que l’argent dans la vie ! Il y a aussi les fourrures et les bijoux ! »

    Elizabeth Taylor

     


  • Nietzsche, grand connaisseur de l’espèce humaine prétendait que les aristocrates étaient mieux bâtis pour subir la pauvreté. Fâcheusement, beaucoup de pauvres n’ont pas des ancêtres nobles. Alors, pourquoi les Ministères chargés des affaires sociales, censés d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes de lutte contre l’impécuniosité, ne leur accorde pas une particule ou un joli titre de noblesse ? Quitte à les reprendre aussitôt que la fortune leur sourit ?

    Certes, je pourrais donner des leçons gratuites aux chômeurs … Mais ce ne sont pas mes ancêtres qui ont décapité, il y a plus de deux siècles, le moindre sang-bleu qui leur tombait sous la main ! Fallait réfléchir avant ! 


  • Trouvé hier à la brocante de Puteaux pour seulement 50 cents : une jatte orange munie d'une poignée et d'un bec verseur avec base en caoutchouc anti-dérapant desinnée par le comte Sigvard Bernadotte, fils du roi Gustaf VI Adolf de Suéde, l'un des pionniers du design industriel scandinave. De surcroît, cette collection de bols et jattes empilables s'appelle, à l'instar de la reine actuelle du Danemark: Margrethe ! 


  • Farouk, le dernier roi d’Egypte, était réputé pour ses achats extravagants et son insatiabilité. Lorsqu’il fut détrôné et forcé à vivre en exil, on trouva dans ses armoires et entrepôts une grande quantité d’objets volés parmi lesquels une montre en or qui avait appartenu à Winston Churchill, un sabre de cérémonie et des médailles dérobés au cadavre de l’ex-shah d’Iran dont le cercueil avait transité par Le Caire. Farouk était un kleptomane. Sa gloutonnerie l’entraîna également dans sa propre tombe : il mourut des suites d’un copieux repas. Y compris les bonnes âmes islamistes nous prêchent pourtant si fréquemment: « Ce n’est pas vous qui possédez les choses : ce sont elles qui vous possèdent ! » Comme si tout le monde connaît les limites de ses propres besoins ; comme si tout le monde, comme Milan Kundera dans L’insoutenable Légèreté de l’être, vit la simplicité tel « le principe unificateur » de son existence. Tel une « formule ascétique » ? Tel une « bénédiction » ? Est-ce suffisant pour guérir de la kleptomanie ?

    Le kleptomane serait selon Ambrose Bierce un « voleur riche », mais cela mérite une précision. La kleptomanie est une obsession, un dérèglement psychologique, qui, effectivement, comme beaucoup d’habitudes ou de manies, pourrait être terriblement snob. Le Duc de Bedford prétend toutefois qu’il y a plein de maladies qui sont plus avenantes. Les hémorroïdes par exemple. Il fut un temps où elles étaient considérées comme très snob, car leur présence supposait que l’on s’intéresse à l’équitation. La goutte était très chic à une certaine époque aussi, mais aujourd’hui elle ne l’est plus. Ensuite, c’est une question de vocabulaire aussi. Une « légère migraine » sonnera toujours plus snob qu’un « mal de crâne épouvantable». Bien que certaines maladies soient indéniablement plus coûteuses que d’autres, rappelons toutefois que montrer sa souffrance égale, selon les règles du dandysme, à montrer son infériorité et pourrait être une atteinte à son orgueil. À moins que, à l’instar d’Oscar Wilde, les soins et médicaments nécessités pour guérir votre maladie, soient largement au-dessus de vos moyens.

    En revanche, la kleptomanie, comme beaucoup d’autres traits psychologiques, est un désir irrésistible, un challenge ou une montée d’adrénaline dont le psychisme a fortement besoin. C’est donc une sorte de snobisme poussé à l’extrême. Juste pour le plaisir du risque. Pour étonner ses amies, pour faire son « gentleman thief », pour le « thrill », pour ne pas résister à une quelconque tentation. Parfois, on vole aussi par simple honte, comme un livre érotique ou un sur le snobisme par exemple. Face au juge et jurés, chaque psychiatre confirmera que la frustration est nuisible à l’ego de chacun entre nous. Par ailleurs, Nietzsche sera votre témoin à décharge: « Voler rend souvent plus heureux que prendre.»

    En temps d’émeute, il est fréquent que l’on pille non seulement des supermarchés, mais aussi des musées. N’hésitez pas à demander de l’aide au conservateur ou faites-vous accompagner par votre antiquaire attitré. Il existe aussi une sorte pillage qui consiste à se faire prendre en plein délit, afin de passer une nuit, ou plusieurs, dans un commissariat de police. Maurice Sachs, en 1937, ruiné et épuisé, se fait interner pour échapper à ses créanciers. C’est seulement en 1939 qu’est publié Le Bœuf sur le toit, qu’il avait mélancoliquement terminé en 1929 :  “Il y a eu hier un krach épouvantable, monstre, à Wall Street.”* Les années « folles » sont finies et appartiennent maintenant aux nombreux mythes des renaissances et des paradis perdus.

    Si vous souhaitez vous faire interner, évitez alors les régions trop urbanisées où les commissariats ne ressembleront jamais à un « Relais & Châteaux». Il est certain que vous seriez nettement mieux logé et nourri (et mis en valeur aussi !) dans un patelin à la campagne. Sachez toutefois, que beaucoup de villages, dont les plus idylliques, n’ont plus de représentants officiels sur place. Restez prudents : certaines régions et leurs habitants sont encore très rudes et incultivés. Hélas ! Au demeurant, jadis, à la Bastille, les aristocrates n’étaient pas privés de luxe : ils décoraient leurs cellules comme « à la maison », ils pouvaient se faire suivre par leurs laquais, ils envoyaient les gardiens en ville pour faire leurs emplettes et passaient leur temps avec des lectures et jeux. 

    Généralement, la presse trouve qu’il y a une vaste distance entre un vol commit dans un appartement « HLM » d’une banlieue industrielle et celui d’un appartement hautement bourgeois dans un beau quartier. Il y a là une véritable discrimination et un snobisme très primaire.

    Si le cambriolage n’est pas votre tasse de thé, tentez les chèques sans provision. C’est moins excitant, mais donne autant de satisfaction. 

     

    *  Wall Street : Rue de New York, dans le sud de Manhattan avec quelques monuments historiques. Or pour le shopping (Tiffany & Co, Dior, Saks), nous conseillons la Cinquième avenue (Fifth Avenue).


  • Selon une rumeur persistante, à Matignon, on vient de supprimer le champagne ! Et il sera remplacé par quoi ? Je vous le donne en mille : par du Muscadet ! Evidemment, avec un Premier-Ministre Rémois, une telle chose ne serait jamais arrivée !

    Soit ! Certes, un Muscadet accompagne agréablement un plateau de fruits de mer, mais pour accueillir les quelques têtes couronnées qui nous restent, il faut tout de même que ça pétille !

    Depuis le XVII siècle, le Muscadet a la réputation malencontreuse d’être un vin pas cher. Ce qui est nuisible à son snob-appeal ! Heureusement, il y a quelques nobliaux et vieilles pierres pour sauver les apparences. Comme le château Cassemichère dans les environs de Nantes, qui se prétend être le berceau du muscadet.  En effet, sous Louis XV on trouve dans un acte notarié le mot de muscadet à propos d'une autorisation accordée de planter un canton de terre en cépages à proximité du château appartenant à un François de Cotinneau, sieur de Cassemichère. Mais la Révolution intervint et le hobereau et sa famille furent condamnés et exécutés sur l'échafaud.

    Quant au snobisme de la patine : on dit qu’il a des origines très anciennes, remontant jusqu’à l’époque romaine, que son ancêtre est né en Bourgogne et que Rabelais n'a pas manqué de le signaler dans ses écrits. Aujourd’hui le château accueille des couples fraîchement mariés et leurs invités et des séminaires et incursions dans l'oenologie par un professionnel à travers des soirées dégustations spéciales. Les participants peuvent mettre en bouteille leur vin à l'ancienne de manière personnalisée et s'offrir ainsi un souvenir relativement snob, qui toutefois, ne remplacera jamais un « cristal » de Roederer ou un « vintage brut » de la maison Napoléon…    


  • Un des plus célèbres bals costumés a eu lieu au Waldorf à New York dans la nuit du 10 Février 1897. L’intention de Mme Cornelia Bradley-Martin, l’organisatrice de cet événement mondain, était non seulement d'en faire «the greatest party in the history of the city » mais aussi de stimuler l’économie américaine, encore souffrante de la Grande Dépression et du krach financier de 1893. Ainsi, les invitations étaient seulement envoyées mi-janvier pour éviter que les invités commandaient leurs robes et costumes à Paris afin de soutenir les entreprises locales.

    En effet, les huit cents invités dépensaient environ $ 400.000 en costumes, imitant - selon le dress-code imposé par Mme Bradley-Martin - rois, reines, ducs, duchesses, princes, princesses et autres personnages, de préférence nobles, du XVI, XVII ou du XVIII siècle. Pour l’occasion, l'intérieur de l’hôtel était transformé en une réplique de Versailles, avec tapisseries rares, tableaux d’époque, compositions florales (5.000 roses et 3.000 orchidées), lustres, miroirs, et c.. Une quinzaine de vestiaires étaient mis à la disponibilité des invités, car certains préféraient se changer sur place avec l’aide d’une équipe de perruquiers et de maquilleurs professionnels. Les bijoutiers étaient également très sollicités : ceux qui possédaient des joyaux antiques firent de très bonnes affaires.

    En quittant les vestiaires les invités se rendaient à la petite salle de bal où Mme Bradley-Martin (habillée en Marie Stuart : sa robe brodée d'or était garnie de perles et de pierres précieuses d’une valeur estimée de plus de $ 60.000) et son époux (déguisé en Louis XV) attendaient leurs invités. Un aboyeur annonçait les noms des invités au même temps que les personnages empruntés.  Après quelques pas de danse (Beethoven, Chopin, Mozart) le souper était servi. Au menu (en français) e.a. : un bouillon de Clovis, un rôti à la Victoria, terrapene (un genre de tortue) désossée à la Baltimore, terrine de foie gras et un sorbet intitulé thématiquement : ‘Fin de Siècle’.

    Parmi les invités, il y avait des hommes d’affaires connus comme John Jacob Astor IV (le propriétaire des lieux, déguisé en Henri IV de France) et son épouse (en Marie-Antoinette), Mme Charles Post (l’épouse d’un des premiers fabricants de corn-flakes, déguisée en Mme. de Maintenon), l’architecte célèbre Stanford White (vêtu d’un costume de Cour de velours noir et satin blanc) ou encore mademoiselle Pierpont Morgan (issue d’une illustre famille de banquiers habillée en reine Louise de Prusse). Il y avait là aussi un Duc de Guise, l’impératrice Marie-Thérèse, une princesse égyptienne, des seigneurs japonais, des nobles fauconniers italiens, des douzaines de comtesses et marquis de toute époque confondue, et c..

    Dès le lendemain, et malgré les centaines de milliers de dollars dépensés dans les bazars, boutiques, comptoirs et autres commerces de l’état de New York, le bal fut sévèrement critiqué par plusieurs ministres. Puis, quelques semaines après, les Bradley-Martin, leurs amis et invités, reçurent tous un courrier des autorités américaines annonçant une forte augmentation de leurs impôts. Par conséquent, la famille Bradley-Martin s'établit en Grande-Bretagne… 

    Photo: Madame Bradley-Martin en Marie Stuart.





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