• La grenouille qui se veut faire aussi gros que le bœuf

     

    Une grenouille vit un bœuf
    Qui lui sembla de belle taille.
    Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
    Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
    Pour égaler l’animal en grosseur,
    Disant : « Regardez bien, ma sœur ;
    Est-ce assez ? dites-moi. N’y suis-je point encore ?
    —   Nenni. — M’y voici donc ? — Point du tout. — M’y voilà ?
    —   Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
    S’enfla si bien qu’elle creva.
    Le monde est plein de gens qui ne sont plus sages :
    Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ;
    Tout petit prince a des ambassadeurs :
    Tout marquis veut avoir des pages. 

     


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    « En France, les choses se passent différemment. Le ton du snobisme français est beaucoup moins vulgaire que le nôtre. Ils sont simplement mieux. Les Français considèrent par exemple que jeter l’argent par la fenêtre ou se vanter, même subtilement, est une preuve de mauvaises manières : une personne outrageusement dépensière n’y est pas acclamée, mais plutôt méprisée. Or, en France, il faut être cultivé, ce qui peut être très difficile et pénible. L’argent n’y remplace pas encore, comme chez nous, l’érudition. Ainsi, les intellectuels y sont beaucoup plus estimés et l’intellectuel ayant quelques ambitions snobs peut y mener une vie assez tranquille. D’ailleurs, la plupart des hôtesses françaises d’un certain standing ont toujours quelques intellectuels, artistes et un ou deux philosophes dans leur ménage. Ici, tout le monde s’en moque. Chez nous la culture est non seulement superflue mais par surcroît suspecte. Un Anglais, toute classe sociale confondue, est aussi fier de ses sottises qu’un Français de son éducation. »

     

    The Duke of Bedford’s Book of Snobs par le Duc de Bedford (1965)


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    "Nous avons l'habitude de rire des Français, à cause de leur propension à la fanfaronnade et de leur intolérable vanité pour tout ce qui touche à la France, la gloire, l'Empereur, et autres choses du même ordre (...). Il y a toujours quelque chose de forcé dans la prétention d'un Français. Il se vante avec tant de fougue, de cris et de gestes; il braille si fort que le Français est à la tête de la civilisation, qu'il est le centre de la pensée, etc., qu'on ne peut manquer de s'apercevoir que le pauvre garçon a, dans son for intérieur, un doute latent sur l'authenticité de la merveille qu'il prétend être (...). Et quand un Français se met à crier: "La France, Monsieur, la France est à la tête du monde civilisé" (en français dans le texte,ndlr), nous rions de bon coeur de l'égarement du pauvre diable."

     

    The Book of Snobs par William M. Thackeray (1848)


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    Le prince Don Fabrizio, dans Le Guépard de Tomasi di Lampedusa, comparait sa catin favorite (évidemment aux origines paysannes) à son dogue allemand vêtu d’une sous-jupe de soie. Ce prince sicilien gardait apparemment de très mauvais souvenirs d’une dévergondée parisienne, rencontrée lors d’un congrès d’astronomes à la Sorbonne, qui le surnommait « mon chat » ou « mon singe blond », alors qu’il préférait clairement être appelé par son titre. Ainsi, sa prostituée locale n’avait pas le droit de jouir autrement qu’en braillant « Oh, mon grand prince ! »

     


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    G comme Gérontophilie

    Il s’agit de l’attirance sexuelle pour des vieillards, souvent une attirance pour le portefeuille de la personne âgée, éventuellement liée à la prostitution féminine et masculine (gigolos), ce qui explique le tabou qui pèse sur ce penchant. Pourtant, cela donne parfois des situations très pittoresques. Comme dans Emmène-moi au bout du monde de Blaise Cedrars, où une actrice raconte ses passages chez un prince de 101 ans, « l’homme le plus riche de France et, un pied dans tombe», avec une armée d’infirmières, de médecins, de masseurs et de valets qui s’occupent de lui, ainsi qu’un chauffeur « décoratif et obséquieux, un ancien cocher du tsar » avec Rolls-Royce.

    Si vous vous intéressez à un vieil héritier ou une vieille héritière de la sorte, sachez qu'il y a souvent une grande famille, atrocement avare, qui n'attend qu'à vous chasser! Que faire? C'est très simple: snobez-les en dépensant un maximum pendant que votre "protégé(e)" soit encore en vie.  

     

     


  • Un aristocrate russe séjournait chez Lord Tennyson, dans l'île de Wight. Chaque matin, il prenait son fusil et allait à la chasse. Un jour, il revint enchanté: "I killed two peasants...!", dit l'invité. "You mean: two pheasants...", corrigea le lord. "No, two peasants!", insista le Russe. "They were insolent, so I killed them..."


  • "Les bourgeois ont toujours éprouvé une sorte de plaisir masochiste à se faire donner publiquement les verges, pourvu qu'ils soient entre gens du même monde, au cabaret comme au théâtre - où d'ailleurs les ridicules que l'on raille ne sont jamais les leurs mais ceux du voisin. Depuis l'époque, évoquée par Maurice Sachs dans ses souvenirs*, où, au cours d'une conférence, Salvador Dali déclarait: "Je vous pisse dessus!" à un parterre de bourgeoises pâmées qui criaient "Bravo! Bravo!"- ce snobisme masochiste s'est étendu à de nombreux domaines."

    *= Au temps du Boeuf sur le toit. 


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    "La princesse Alice de Bade, qui ne souhaitait point souffrir d'amour, lançait avec irritation, à propos du drame de Mayerling: "L'amour? Allons donc! Laissons cela aux pauvres!"


  • "Vous avez la mine d'un trappiste, dit-il à Julien, vous outrez le principe de la gravité que je vous ai donné à Londres. L'air triste ne peut être de bon ton; c'est l'air ennuyé qu'il faut. Si vous êtes triste, c'est donc quelque chose qui vous manque, quelque chose qui ne vous a pas réussi. C'est montrer soi inférieur. Etes-vous ennuyé, au contraire, c'est ce qui essayé vainement de vous plaire qui est inférieur. Comprenez donc, mon cher, combien la méprise est grave." 

    (explication du prince Korasoff à Julien Sorel qui a confondu l'air triste et l'air ennuyé.)


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    "Jadis les Fuégiens, peuple à tendance nudiste, se protégeaient du froid en se frictionnant à la graisse de poisson. Certains autochtones arctiques préféraient des peaux d'ours, de phoques, d'oiseaux, et des intestins de mammifères marins pour coudre leurs vêtements imperméables. En reprenant ces traditions et en ajoutant une ceinture (avec boucle en ivoire de mammouth) et quelques bijoux barbares (peau de phoque ramollie, dents d'animaux divers, ivoire de morses, ossements variés, plumes, griffes et becs d'oiseaux), vous serez la star du prochain défilé automne/hiver de John Galliano."





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