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    Il est sorti, le dernier Kosmopolis, le magazine "interkulturel" de Berlin! La thématique, cette fois-ci, est le génie. Y participent : Ronald Daus, Ursula Daus, Tamara Pracel, Antonius Moonen, Mario Vargas Llosa, Peter B. Schumann, Elisa Rath, Alex Westwood, Corinna Rohloff 

    Voici, un petit résumé, en allemand: 

    Angesichts der vernetzten Flut von Geistreichem und Banalem stellt sich einmal mehr die Frage nach dem wahrhaft Außerordentlichen, dem Genialen. Kann es in der aktuellen Gleichwertigkeit von Alltag, Hype und völlig überschätzten Geistesblitzen überhaupt noch einen genialischen Moment geben?

    Aus der Geschichte kennen wir die Definition eines Genies und dessen typischen Vertretern: „Das Genie vollendet, par excellence, was die Natur selbst nicht hatte zum Abschluß bringen können.“ Im abendländischen Kulturkreis gehörten Dichter, Philosophen, Maler, Musiker, Wissenschaftler, Ingenieure und einige wenige Politiker zu den anerkannten Genies.

    Wer heute nach diesen Ausnahmemenschen Ausschau hält, findet sich schnell wieder auf der Seite der „Border crossers“, der „Autisten“, der „Bizarren“, der snobistischen „Verweigerer“ oder gar der „Ausgestoßenen“. Genies zeichnen sich durch besonders intensive Gefühle, Vorstellungen oder Erinnerungen aus, deren Intensität bei Normalsterblichen eher Angst als Bewunderung auslöst. „Keiner muß heute mehr ein Genie sein“, heißt somit auch folgerichtig unser erster Beitrag in diesem Heft.

    Doch immer wieder machen sich einige „Unbelehrbare“ daran, dem Geniekult auf ihre ganz eigene Art zu frönen. Wir haben sie in dieser Ausgabe versammelt, vom Literaturnobelpreisträger 2010 bis zu einem jungen Zeichentalent, das ein Genie aus einem vergangenen Jahrhundert mit seiner Arbeit würdigt. Auch die lange im Westen belächelten, heute als mediale Erneuerer gefeierten Regisseure, Choreographen und Superstars von Bollywood zieren unser Tableau. Und natürlich feiern wie die unsterblichen Kunstgenies, die in Zeiten der geschmacklichen Beliebigkeit ästhetischen Halt bieten können.

     

     


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    "Une bonne servante doit être fidèle, farouche et laide."

    Erasme


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    "Erection: Ne se dit qu'en parlant des monuments."

    Gustave Flaubert: Dictionnaire des idées reçues. 


  • Vous, snobs culinaires, vous le connaissez sans doute déjà, le tout dernier cri en gastronomie! Non, ce n’est ni le dernier Costes ni la dernière invention de Pierre Hermé. C’est le site www.nutridelix.com et ses recettes anti-âge ! 

    Car : « L’impact de la nutrition est décisif sur le bon état physiologique. Aussi pour ne pas être "food victim", il s’agit d’abord de trouver, de choisir puis de mettre le meilleur au bout de la fourchette.

    Les recettes sont conçues pour passer en douceur de la malbouffe à une délicieuse alimentation vivante, du grillé, brûlé, rôti au pur choc du cru. Car, qui dit super-nutriments dit bonne santé, dit aussi longévité et encore et surtout, top libido.

    Avec Nutridélix vous découvrirez le pourquoi et le comment: Des recettes aux ingrédients aussi nus que possible, Dix ans de moins dans votre assiette, Des stratégies gourmandes à destinées érectiles. »

    En effet : « Qui ne voudrait du tonus plein l’assiette et des délices plein la bouche? Qui ne souhaiterait rester au top de sa forme et de sa sexytude ? Qui n’aurait envie d’un corps nourri de super BONS plaisirs ? »

    Note de la rédaction : Nutridélix propose aussi des stages et formations pour votre personnel de maison, si l’idée d’avoir une cuisinière formée par une spécialiste de renommée internationale vous séduit. Pour sûr : vous serez « the talk of the town » et vos soirées compteront désormais parmi les plus convoités. Bien entendu, avoir son propre entraîneur en alimentation anti-âge chez soi est un snobisme suprême. Renseignez-vous auprès de la direction du site. Je croise mes doigts pour vous ! 


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    Cher Anton !

    Vous êtes formidable ! J’ai suivi vos instructions à la lettre et le résultat est fabuleux : ma voisine est tombée dans le coma quand elle a vu ma roseraie ! Elle va mieux maintenant, elle a repris conscience, mais elle doit encore rester pour observation à l’hôpital. En effet, je lui avais fait livrer un très joli bouquet : et, en voyant mes roses splendides, elle s’est immédiatement évanouie de nouveau. Quel résultat sensationnel! Je vous dois tout ! 

    Madame V. de J. 

    À votre service! Et surtout, n'oubliez pas d'engager un jeune rosiériste, beau et agréablement musclé, afin de définitivement faire taire votre voisine! Faites éventuellement un casting à la sortie de l'école horticultrice de votre région. C'est le moment! 


  • Il n’y a pas de doute : l’église catholique a toujours su faire du bon marketing. La richesse de son iconographie en est la preuve incontestable, sans omettre les reliques, car le commerce des ossements était un des plus florissants à une certaine époque. L’idée était géniale : avoir votre propre morceau de saint homme ou de sainte chez vous, à la maison. Le résultat était que maint saint ou sainte avait soudainement cinq pouces, onze oreilles et cinq jambes. C’est très logique : dès qu’un produit a du succès, il est imité. C’est l’envers de la médaille, mais, bonté chrétienne oblige, on peut aussi y voir un compliment : la copie n’est-elle pas la flatterie la plus ostentatoire pour son fabricant ou créateur? Or la religion catholique a toujours su que nous sommes des snobs et donc très sensibles aux armoiries, particules et titres de noblesse. Si quelqu’un a inventé les « royal warrants », c’est bien elle. Rien qu’en cliquant, au hasard, sur le nom de quelques saints sur Wikipedia, j’ai découvert tout un monde merveilleux de princesses, de rois, d’aristocrates petits et grands, volant, quelquefois littéralement, au secours de cette institution religieuse. Que les professionnels du marketing s’en inspirent inlassablement ! 

    Un petit aperçu, donc. Pêle-mêle, car les classer par ordre chronologique, et c’est le cas de le dire, ça me prendra des siècles. Commençons par un échantillon des filles : Sainte Agathe, née au III siècle à Catane en Sicile, « dans une famille noble ». Sainte Agnès, qui rejette les avances du fils du préfet qui la courtisait avec empressement, lui déclarant qu'elle était déjà fiancée à quelqu'un de bien plus « noble » que lui. Sainte Barbara dont le père, un riche païen, l'enferme dans une tour faisant partie de sa demeure, ce qui suppose que la famille n’habitait pas une simple chaumière. Sainte Catherine qui naquit à Alexandrie « d'une famille de première noblesse ».  Sainte Christiane, venue au chevet de la reine de Géorgie, souffrante, qu'elle l'ait guérie : on en conclut qu’elle était dame à la Cour royale ou même bien une confidente. Tel est également le cas de Saint Ouen qui « vécut à la cour de Clotaire II et Dagobert I. . Sainte Clotilde fut le nom de « la deuxième épouse de Clovis, premier roi franc » qui se convertit au catholicisme. Sainte Odile était une « fille d'un duc d’Alsace » et  Saint Gertrude - dite sainte Gertrude de Nivelles- une « fille de Pépin de Landen ». Sainte Julienne de Nicomédie, également fiancée à un préfet de la ville qui désapprouve ses rejets : ainsi on présume qu’elle-même appartenait aussi à la « Haute » du royaume. Sinon, le préfet ne l’aurait vraisemblablement jamais remarquée.

    Chez les garçons, on n’y va pas de la main morte non plus. Saint Bernard de Clairvaux : « Né dans une grande famille noble de Bourgogne ». Saint Ignace de Loyola, né en 1491 « dans une famille de la petite noblesse basque ».  Saint Charles Borromée naquit dans une famille aristocratique lombarde du XVI siècle : « Sa mère était une Médicis » précise-t-on. François d'Assise : « Issu d'une riche famille marchande d’Ombrie, il mène d'abord une vie de dissipée de jeune noble et rêve de devenir chevalier ». Saint Georges : « Né d'une famille illustre » et «élevé par l'empereur Dioclétien lui-même aux premiers grades de l'armée ». Henri II le Saint (ou le Boiteux) :  « Né en 973, duc de Bavière, roi d'Allemagne en 1002, couronné empereur romain germanique. Il épousa Sainte Cunégonde (!), fille du comte du Luxembourg ». Thomas d'Aquin : « né au château de Rocca Secca, dans le royaume des Deux-Siciles ». Saint Hubert: « issu d'un lignage apparenté aux Pépinides.»  Saint Josse, vénéré à la fois en Bretagne et dans le nord de la France : « Frère du roi breton Judicaël », qui, nous le précisons, est également proclamé saint. Le plus connu des Saint Louis demeure évidemment Saint Louis IX de France, béatifié sous le nom saint Louis de France. Mais il y a là aussi « Saint Louis de Toulouse (1274-1297), fils de Charles II d’Anjou, roi de Naples ». Un dernier exemple, car ce petit name-dropping nous a suffisamment prouvé que l’Eglise préfère les bienheureux au sang bleu : Saint Yves « est né au milieu du XIII siècle dans une famille noble au manoir de Kermartin sur la paroisse de Minihy-Tréguier ».

    De nos jours, on vous invite à devenir membre de l’Association pour la béatification de l’impératrice Zita de Bourbon-Parme, la dernière des impératrices d’Autriche-Hongrie. L’association organise parfois des rencontres de réflexion et de prière à la paroisse Sainte-Elisabeth de Hongrie (75003 Paris), église conventuelle de l’Ordre de Malte, en présence, occasionnellement, de S.A.I.R. l’archiduc Rudolf d’Autriche, petit-fils du Bienheureux empereur Charles d’Autriche et de la bientôt Bienheureuse impératrice Zita. Sacrément snob! Avec ma bénédiction en prime ! Irrésistible !

     


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    Aujourd’hui, je suis très déçu. Je croyais dur comme fer que le nom de la rue où j’habite était celui de Robert François Damiens, célèbre pour avoir tenté, à l’aide d’un petit canif, d'assassiner le roi Louis XV. Là, je viens de lire sur un panneau à l’autre bout de la rue, qu’il s’agit d’un certain monsieur Damiens, « conseiller municipale et bienfaiteur de la ville », dont je ne retrouve aucune trace sur Wikipedia ! Fichtre ! Tout au moins le premier avait le mérite d’avoir reçu quelques gouttes de sang bleu ! Je vais, de ce pas, envoyer un mot à Monsieur le Maire afin qu’il intervienne personnellement. Sinon, je déménage et sa jolie ville ne pourrait plus prétendre qu’elle compte le « Roi des Snobs » parmi ses habitants. Quel blâmage ! 


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    Je suis toujours aux anges. Forcément ! Etre introduit par Daphné Bürki, LA mademoiselle « tendance » par excellence, comme « Roi des Snobs », cela vous pose. De surcroît, une fidèle lectrice m’a gentiment signalé qu’elle venait d’acheter les deux derniers exemplaires du Manuel de savoir-vivre à l’usage des maîtres et maîtresses de chiens à la librairie de Hermès, donc, à priori, j’y suis de nouveau « épuisé ». Espérons toutefois que la librairie de Monsieur Karl Lagerfeld soit mieux approvisionnée. 

    Dans leur dernière publication, le bimensuel néerlandais « Miljonair » me consacre aussi une petite colonne. J’apprécie une telle discrétion à mon égard. Après tout, cela pourrait donner un faux espoir au Trésor public, cependant, pour une raison que j’ignore, je ne figurerai probablement jamais sur une liste des grandes fortunes. Puis, soyons francs, des millionnaires, comme des agents fiscaux, il y en a des snobs et des pas snobs pour un kopeck.

    Soit. Par ailleurs, je suis merveilleusement entouré sur la page du « Miljonair » : d’un matelas en sel du Himalaya (qui fait un fort grand bien à vos muscles et à votre teint) et d’un shampoing aux truffes ! Très « wellness», indeed ! J’adore ! Pendant deux mois ! J’espère seulement  que le personnel du Trésor public note bien qu’il s’agit ici d’une cure strictement « virtuelle » et que la présence de ces accessoires de spa luxueux sur cette page n'est qu'une pure coïncidence… 


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    « La chute d'Endemol pourrait mettre en péril la télé-réalité en France », annonce un magazine. Quelle triste nouvelle ! Fini ces petits moments de félicité pure et intense, en observant, avec un dédain majestueux, le bas peuple se mettre à genoux et faire des galipettes pour avoir ses quelques instants de gloire. Il semblerait que ces émissions sont devenues moins rentables aujourd’hui. Elles nous divertissaient pourtant fort bien ! Si maintenant toutes les chaînes se mettent à faire du Arte, les snobs intellos vont, sans doute, s’en réjouir. Certes, s’ennuyer est incontestablement très snob. En conséquence, le nombre des snobs risque d'accroître. Finalement, la nouvelle n’est peut-être pas aussi désastreuse que ça. Il faut juste trouver une autre cible pour maintenir en forme votre potentiel de moquerie. Ce qui n’est pas si laborieux actuellement, considérant les maladresses commises par les membres de notre « élite » établie. Vous pouvez également, à l’instar des Grimaldi, aller au cirque pour vous divertir. Je prévois aussi de meilleurs jours pour les kermesses, les foires, les salons, les zoos, les cinémas, les musées. Je suis-là peut-être un peu trop rêveur, mais je ne veux être de ces snobs pessimistes et désenchantés, devenus insensibles à la frivolité de nos époques décadentes. C’est la légèreté qui nous sauvera ! La lourdeur nous tire vers le bas ! Endemol en est la preuve ! 


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    Mon avocat à Rome va être débordé : non seulement, il défend mes intérêts dans une affaire contre mon éditeur du cru attitré qui omet depuis quatre années mes « royalties » : je suis à deux doigts d’attaquer Sibilla della Gherardesca, une vieille comtesse déchue de cette même maudite péninsule et qui survit grâce à l’écriture de manuels d’étiquette. Souvenez-vous, celle qui m’a traité de « ayatollah du snobisme » ! Quelle bête m’a piqué ? Mais, voyons, à ce moment-là je n’avais aucun argument concret pour contredire cette mégère! Certes, j’en étais très flatté au départ, mais au fond de moi-même, je la détestais. Maintenant, des arguments palpables, j’en ai. De très crédibles ! Comme preuve, d’abord, j’ai « Palace », le magazine des Costes, qui m’a désigné « Prince des Snobs » en décembre 2009. Déjà, pour un prince, une comtesse, c’est juste pour faire un peu de présence, voire du décor, ou pour en abuser de temps en temps. C’est claire. Mais surtout, l’introduction de Daphné Bürki, le 13 juin, qui annonçait une interview à propos mon « Manuel de savoir-vivre à l’usage des maîtres et maîtresses de chiens » et qui commençait par « Vous êtes le roi des snobs ! »

    Comment voulez-vous que reste blasé avec tout ça ?!

    Soit. Ethiquement, il m’est donc permis de faire de la concurrence à Elisabeth II ou à Béatrix d’Orange. Mais pour des raisons évidentes, je ne ferais pas une telle chose. Or je suis toujours blasé. Ce qui me rassure agréablement.

    Mais ce n’est pas tout ! Car qu’est-ce qu’elle prétend également, cette divine animatrice de Canal +?  Je vous le donne en mille : Je suis « le plus gentil des snobs » ! Forcément, ça vous tue une réputation ! Cependant, c’est un argument de poids pour clouer le bec, une bonne fois pour toutes, à certaines mauvaises langues. La vieille comtessa n’a qu’à se tenir !

    Mon avocate parisienne qui veille sur mes droits dans votre joli pays m’a suggéré la création d’une « application snob ». Fâcheusement, je n’ai aucune idée de quoi elle me parlait, en tapant sur l’écran de son appareil portable. Alors si parmi vous, une bonne âme pourrait me donner quelques conseils sur la fabrication d’une telle « application SNOB », merci de me faire parvenir vos propositions qui seront étudiées avec soin. Russes s’abstenir.

     

    Singulièrement vôtre,

    Anton@snoblissime.com