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    La reine Elisabeth II a demandé une contribution au Department for Culture, Media and Sport (le ministère en charge des subventions à la famille royale), afin de maintenir ses palais royaux raisonnablement chauffés. En effet, selon un porte-parole, depuis 2004, ses factures de gaz et d'électricité ont carrément doublé : 1 million de livres par an ! La souveraine avait déjà sollicité une aide financière pour remplacer quatre chaudières endommagées. Selon le quotidien The Independent, les deux requêtes ont été refusées.

    Nietzsche prétendait : « Le grand avantage d’avoir des origines aristocratiques est de mieux pouvoir supporter la pauvreté. » Mais il est fort probable, que les œuvres du philosophe allemand sont absentes des bibliothèques et tables de chevet de Buckingham Palace et Windsor Castle. Dans ce cas, une Queen Victoria Soup bien chaude (voir recette ci-après) sous la couette s’impose. 

     


  • Ingrédients (pour 6 personnes) : 150 gr de champignons frais, 50 gr de beurre, 1 petit oignon blanc, 3 branches de céleri, ¾ l de bouillon de viande, 1 c à s de tapioca, 100 gr de jambon cuit, 100 gr de poulet cuit, 2 dl de crème fraîche, 2 œufs durs, noix de muscade, sel, poivre.

    Chauffez le beurre à feu doux dans une casserole, ajoutez l’oignon haché finement et faites-le dorer. Ajoutez le céleri et les champignons hachés grossièrement. Saupoudrez de noix de muscade et laissez cuire encore 10 minutes. Versez le bouillon de viande dans la casserole, ajoutez le tapioca, la viande de poulet et le jambon coupés en petits dés. Mélangez soigneusement et laissez cuire à petits bouillons pendant encore 20 minutes. Ajoutez maintenant la crème fraîche et les œufs durs hachés finement. Salez, poivrez le velouté et laissez le cuire à l’étouffée encore 10 minutes, sans le faire bouillir. Servez. 


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    Que le temps passe vite ! Je viens de me rendre compte que cela fait maintenant exactement 35 ans que j’habite votre jolie république. Certes, il y a eu quelques fugues, car je suis un bohémien dans l’âme (et j’ajoute afin de ne pas être débusqué par Monsieur Hortefeux: uniquement dans l’âme !), mais j’ai toujours été content de revenir.

    Valéry Giscard d’Estaing était « mon » premier président. Avec un nom pareil (et son mariage dans la chapelle privée de la famille de Brantes), moi, habitué jusqu’à-là à vivre paisiblement dans une monarchie, je n’ai pas eu beaucoup de mal à m'accoutumer aux concepts et idéologies républicains. Ensuite, il y a eu François Mitterrand : un cousin au 32è degré de la reine Elisabeth II d’Angleterre, avec des airs et maintiens dédaigneux d’un empereur absolu. Puis Jacques Chirac et son épouse Bernadette Chodron de Courcel (et sa manie des œuvres charitables) : franchement, on aurait pu les confondre avec un couple de souverains belges.

    Et aujourd'hui, c’est Nicolas Sarkozy, qui, selon les rumeurs, est issu d’une famille de noblesse hongroise ! Pourtant, des aristocrates -et j’en fréquente quasiment tous les jours-  « bling-bling » sont une espèce plutôt rare. Autre petite ombre, c’est son épouse, née d’une liaison extraconjugale. Cela dit, des bâtards royaux, il y en a eu dans toutes les monarchies, voire profusément en France. Puis, même si votre First Lady n’a pas de sang bleu, elle s’avère toutefois fort ambitieuse: elle est indéniablement plus sensible au snob-appeal qu’à la séduction charnelle de son époux. Et ces photos où elle expose son corps dévêtu ? Évidemment, Paola de Belgique et Sophie de Grèce n’y songeraient même pas dans leurs rêves les plus audacieux, cependant je vous rappelle l’histoire de Lady Godiva, une noble dame anglaise qui, d'après la légende, a parcouru nue à cheval les rues et esplanades de la ville de Coventry au Moyen-Âge, afin de persuader son mari le comte de diminuer les impôts. Si Carla en ferait autant, sans doute vous seriez moins scandalisé !

    Et qui sera l’heureux occupant de l’Elysée en 2012? Dominique Marie François René Galouzeau de Villepin ?  Diantre ! Comment voulez-vous que j’apprenne vos valeurs républicaines alors que tout me fait croire que vous déplorez la monarchie !

    Singulièrement vôtre,

    Anton@Snoblissime.com

     

     


  • En période de crise, il arrive fréquemment que le snobisme soit accusé d’abominables défauts. Par exemple, et c’est sans doute l’accusation la plus irréfléchie, c’est qu’il divise les classes sociales et qu’il stimule les privilèges! Comment peut-on avancer une chose pareille: le snobisme s’adresse aussi bien à la grande-duchesse du Luxembourg qu’à son adorable chien de compagnie ou son pédicure-podologue!  Certes, l’humanité subit une très longue période, où le snobisme était réservé à la gente aristocratique, mais les révolutions et réformes du XIX siècle, sans omettre la guillotine et les suffrages, l’ont alors définitivement introduit dans les quartiers populaires. Un retour aux ambiances féodales est peu probable, alors ne perdons pas notre temps à être nostalgique ! Restons plutôt vigilants et politiquement corrects, car par les temps qui courent la chasse aux snobs « bling-bling » est devenue un sport, à l’instar du golf, très répandu. Naomi Campbell ne me contredira point !

    Le « nouveau riche » est en effet un de ses rejetons mal-aimés, mais est-ce de sa faute que la branche « vieil argent » se sentit oppressée? D’ailleurs, ils en profitaient bien, tous ces aristocrates dont les châteaux avaient besoin d’une nouvelle toiture ou d’un ravalement, en écrivant des bibles de protocole et d’étiquette, que ces nouveaux fortunés mais ignorants dévoraient comme des petits macarons de Le Nôtre. C’est franchement injuste !  Les prêcheurs de la bonne morale semblent oublier que le snobisme est né au même moment où naquit le désir d’embourgeoisement du peuple: le snobisme est un enfant légitime de la démocratie !

    Tout cela vous semble peut-être un peu contradictoire. D’un certain point de vue, on pourrait effectivement prétendre que la démocratie fut un échec. En réalité, personne n’en voulait vraiment de cette égalité : chaque être normal veut être au-dessus de la moyenne, et ce n’est pas la peine de me contredire, je sais que j’ai raison. Ainsi, soudainement, des quartiers, des villes, des pays entiers devinrent snobs! Le XIX siècle était non seulement le siècle d’or de la démocratie, mais aussi celui du snobisme, ce qui devait clouer le bec à certains. Selon un professeur de la Sorbonne (ce qui est toutefois une référence à prendre au sérieux), les Hollandais (et j’en suis évidemment très fier) étaient des avant-coureurs! Celui-ci prétend que le luxe dit courant est né aux Pays-Bas du XVII siècle, une des premières républiques du monde qui vit alors son âge d’or. Toutes les nouvelles modes et tendances étaient dictées par la bourgeoisie hollandaise. D’ailleurs, certains peintres, et non les moindres comme Vermeer ou Rembrandt, devinrent très riches et célèbres grâce à tous ces snobs. On pourrait même revendiquer qu’une partie, et peut-être même la plus importante, de la peinture néerlandaise n’aura jamais vu le jour sans le snobisme.

    Soit ! La culture et le snobisme, ce sera pour une autre fois, puisque nous n’avons pas encore terminé avec notre leçon d’aujourd’hui : il existe aussi un snobisme appelé snobisme dit démocratique, apparu au milieu du siècle dernier, pour lequel ce n’est pas le nom qui compte, ni la fortune, mais les mérites personnels, comme les dons artistiques par exemple. Ses adhérents, qui applaudissaient les discours communistes ou les poètes aux idées anarchiques, étaient en quelque sorte les précurseurs de ces snobs appelés « bobos » qui aiment aussi à s’approcher du peuple. Cependant, ce snobisme démocratique (dans certains contextes appelé « snobisme révolutionnaire ») reste, comme celui de l’understatement, réservé à la fine fleur. En France, on connut à la fin du XVIII siècle un snobisme pratiqué par quelques jeunes nobles aux aires de philosophes qui trouvaient la société mal faite et sifflaient la reine Marie-Antoinette en arrivant à l’opéra. Ce n’était pas la première fois qu’un snobisme annonçait une grande tournure dans notre histoire. Indubitablement, le snob est un vrai éclaireur ! Il stimule notre Zeitgeist et l’oblige à se renouveler, car un Zeitgeist qui se languit risque de devenir pédant.

    Pauvre snob ! Songez un instant à ses services rendus à l’humanité, à la mode, au savoir-vivre, à la noblesse - qui pourtant, depuis les Croisades, n’a pas vraiment été d’une grande utilité -, en bref à notre économie et à notre culture ! Alors que ses accusateurs le jugent coupable de tous les maux de cette misérable terre ! Quelle grande injustice ! Franchement, il y a là de quoi déprimer gravement. D’où l’importance d’avoir toujours un magnum d’un brut de bruts au frais. Qui inviter? Mais voyons, on va encore vous accuser de gaspillage. Non, buvez-le tout seul. Cependant, je dois vous avertir que la déprime ne figure plus dans les maladies snobs. Encore une victime de sa popularité ! 

     


  • Ingrédients (pour 6 personnes) : 500 gr de chou blanc, 1 pomme, 1 c à s de vinaigre, 1 oignon. Pour l’assaisonnement : 3 c à s de crème fraîche épaisse, 2 c à s de yaourt, 1 c à s de sucre semoule, 2 c à s de vinaigre, sel, poivre.

    Mais, qu’est ce qu’elle vient faire ici, cette Révérende Mère ? Ce n’est pas uniquement pour faire honneur à mes chères lectrices et chers lecteurs au Canada d’où est originaire cette recette, mais pour la simple raison que la majeure partie des snobs conservateurs ait fait ses études dans des écoles privées. Sachez alors que dans la hiérarchie religieuse, les Ursulines sont l’équivalent des Jésuites : ces nonnes forment en quelque sorte l’aristocratie enseignante. En effet, autrefois, leurs institutions étaient fréquentées par tout le haut gratin. Encore un snobisme en voie de disparition !

    Emincez le chou et l’oignon finement. Râpez la pomme. Arrosez-la de vinaigre. Mélangez tous les ingrédients d’assaisonnement dans un saladier. Ajoutez l’oignon, le chou, la pomme et mélangez tout. 

     


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    « En France, les choses se passent différemment. Le ton du snobisme français est beaucoup moins vulgaire que le nôtre. Ils sont simplement mieux. Les Français considèrent par exemple que jeter l’argent par la fenêtre ou se vanter, même subtilement, est une preuve de mauvaises manières : une personne outrageusement dépensière n’y est pas acclamée, mais plutôt méprisée. Or, en France, il faut être cultivé, ce qui peut être très difficile et pénible. L’argent n’y remplace pas encore, comme chez nous, l’érudition. Ainsi, les intellectuels y sont beaucoup plus estimés et l’intellectuel ayant quelques ambitions snobs peut y mener une vie assez tranquille. D’ailleurs, la plupart des hôtesses françaises d’un certain standing ont toujours quelques intellectuels, artistes et un ou deux philosophes dans leur ménage. Ici, tout le monde s’en moque. Chez nous la culture est non seulement superflue mais par surcroît suspecte. Un Anglais, toute classe sociale confondue, est aussi fier de ses sottises qu’un Français de son éducation. »

     

    The Duke of Bedford’s Book of Snobs par le Duc de Bedford (1965)


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    "Nous avons l'habitude de rire des Français, à cause de leur propension à la fanfaronnade et de leur intolérable vanité pour tout ce qui touche à la France, la gloire, l'Empereur, et autres choses du même ordre (...). Il y a toujours quelque chose de forcé dans la prétention d'un Français. Il se vante avec tant de fougue, de cris et de gestes; il braille si fort que le Français est à la tête de la civilisation, qu'il est le centre de la pensée, etc., qu'on ne peut manquer de s'apercevoir que le pauvre garçon a, dans son for intérieur, un doute latent sur l'authenticité de la merveille qu'il prétend être (...). Et quand un Français se met à crier: "La France, Monsieur, la France est à la tête du monde civilisé" (en français dans le texte,ndlr), nous rions de bon coeur de l'égarement du pauvre diable."

     

    The Book of Snobs par William M. Thackeray (1848)


  • C’est en 1963 qu’Henry Ford II, alors président du conseil d’administration et P.D.G. de la Ford Motor Company, se rend dans un village hollandais afin d’y assister au largage de son nouveau yacht. Avant de m’accuser une nouvelle fois de patriotisme, je précise qu’à cette époque, tous les millionnaires américains snobs commandaient leur bateau de plaisance aux Pays-Bas. Je souligne également (sans doute à cause du penchant calviniste des plombiers bataves qui désapprouve fortement le « bling-bling ») que les robinets en or pour les salles de bains étaient fabriqués aux U.S.A.. Les plans du yacht avaient été tenus secrets, car Monsieur Ford était très paranoïaque et frémissait à l’idée que quelqu’un les fit exécuter en plus spacieux. Nonobstant, dans une interview publiée par un grand quotidien néerlandais, son décorateur dévoila que, pour réussir la patine moelleuse donnant aux ornements des cabines un aspect usagé et décrépit, il avait ajouté un peu de bière blonde à la dernière couche : « Je fais toujours ça pour les millionnaires : ils ont horreur de la peinture neuve ».  

     


  • Une de mes plus fidèles lectrices m’a récemment interrogé sur son inclinaison pour une certaine douceur noire pour savoir si ce penchant possédait du snob-appeal. Bonté divine ! à quoi pensent vos vilains esprits ! Certes, jadis la consommation de l’opium était strictement réservée à la fine fleur, dont un grand nombre de snobs intellectuels. Mais dans le cas qui nous préoccupe, il s’agit d’une friandise tout à fait autorisée : la réglisse.

    Les consommateurs les plus aristocratiques de cette substance (qui, toutefois, comme dans le cas de notre chère lectrice, peut devenir une drogue), sont incontestablement les membres de la famille royale néerlandaise. Leurs fournisseurs attitrés sont une droguerie dans la ville pittoresque de Leiden (ici on fabrique encore certains élixirs oubliés comme l’Eau de Carmes) et une autre à La Haye. Il existe aussi une grande « chaîne » de magasins de sucreries, dont les filiales s'étendent de Maastricht aux bords de la Mer du Nord, qui figure sur la liste des commerçants de la Cour de Beatrix (et qui a de ce fait le droit d'accrocher les armoiries royales sur la façade et de les imprimer sur ses emballages), car celle-ci est très nombreuse. Ainsi, même si un de ces représentants doit se rendre dans le coin le plus disséminé du royaume pour y ouvrir une maison de retraite par exemple et ressent après cette besogne ingrate un besoin pressant de sucer quelques bonbons à la réglisse, il ne sera jamais très loin d’un marchand de son rang.  C’est, en effet, très pratique, cependant nous signalons que certains snobs puristes évitent les établissements qui font partie d’une « chaîne » comme une rage de dents. Il est vrai que le mot n’est pas très seyant. Soit ! Toujours est-il que la consommation moyenne d’un prince ou d’une princesse batave est de deux kilos par an ! Attention à l’hypertension ! 

    Ceci et cela explique sans doute pourquoi les Pays-Bas est le plus grand fabricant de réglisse de l’Europe : on y trouve une centaine de formes, d’origines, de couleurs et de goûts différents, allant du laurier à l’anis et du sel de mer au miel. Au demeurant, les Cours scandinaves raffolent pareillement de cette gâterie réconfortante. Fâcheusement, en France, cette dépendance est encore très peu connue, une épreuve qui lui octroie nonobstant un snob-appeal formidable, quasi majestueux! Afin de connaître les distributeurs patentés par les tribus de Margrethe II, Carl XVI Gustaf et Harald V, ou, éventuellement, pour savoir s’il reste un peu d’espace dans la prochaine valise diplomatique, il vous suffit de contacter les départements commerciaux des ambassades concernées ou votre ambassadeur sur place. 

     


  • Ingrédients  (pour 4 personnes) : 1 poulet fermier, 1 grosse poignée d’estragon frais, 3 oignons, 3 gousses d’ail, 1 bouquet garni, un peu d’extrait de viande ou 1 cube concentré, 30 g de maïzena (ou fécule), 2 œufs, ¼ l de lait, 1 citron, 30 gr de beurre.

    Préparez le court-bouillon : faites cuire pendant ¼ d’heure dans 1 ½ l d’eau, les oignons, l’ail, le bouquet garni, l’estragon et l’extrait de viande. Pochez le poulet en morceaux. Dès la reprise de l’ébullition, baissez le feu et laissez frissonner pendant 30 minutes. Prélevez ¼ de litre de court-bouillon. Délayez avec la maïzena et faites épaissir sur le feu. Ajoutez le lait et le beurre divisé en petits morceaux. Tournez sans cesse la sauce. Hors du feu, dans une tasse, mélangez les jaunes d’œufs et le jus d’un demi citron. Versez cuillerée par cuillerée cette liaison dans la sauce. Les œufs doivent se coaguler légèrement pour lier la sauce, mais ne doivent pas bouillir. Egouttez les morceaux de poulet. Rangez-les sur un plat préchauffé, nappez-les avec la sauce. Décorez le plat avec des feuilles d’estragon et des rondelles de citron.






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