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Volailles snobs
Cher Monsieur,
Mon épouse et moi souhaitons acquérir un couple de cygnes pour notre étang qui, malheureusement, est uniquement peuplé d’ordinaires colverts. Ma femme souhaiterait importer un couple de Cygnus melanocoryphus d’Amérique du Sud. Qu’en pensez-vous ?
Mr. Claude R., Sully-sur-Loire
Cher Claude,
Il me semble que vous aussi, vous en doutez ? En effet : évitons la volaille exotique en dehors de la maison. Laissons les bassins remplis de pingouins, de flamants roses et autre kitscheria aux nouveaux riches et optons de préférence pour une espèce autochtone. Rappelez votre épouse qu’il fait souvent frisquet dans le Loiret. Importez plutôt un couple suédois, danois ou encore de la Grande-Bretagne où, selon un texte de loi très ancien tous les cygnes appartiennent au souverain de vigueur. Ôtez Elisabeth II subtilement d’un couple de cygnes noirs et d’un couple au plumage blanc afin que vous puissiez alterner selon vos humeurs et les saisons. Parlez-en préalablement à votre jardinier, votre forestier ou à votre garde-chasse, car une telle organisation nécessite quelque savoir-faire. Vous pouvez l’inscrire pour un stage de gardien de cygnes à l’Abbotsbury Swannery dans le Dorset, fondé au XIème siècle par des moines bénédictins et qui fournissait tous les banquets et châteaux de la région.
Par ailleurs, un ménage de cygnes empaillés et posés sur des piédestaux fera également un bel effet dans votre entrée. Évitez alors des attitudes trop « dramatiques » et optez plutôt pour une pose « académique » surtout s’il s’agit de volailles subtilisées à Sa Majesté.