• Striptease snob

     

    Cher Antonius,

    Mon amant voudrait que je lui fasse un strip-tease…. Est-ce snob ?

    Gina P, Marseille

     

    Allez-y ! Certains historiens prétendent que l’espionne néerlandaise Mata-Hari, qui pratiqua la danse exotique, fut l’inventrice du strip-tease en public. Cependant, d’autres spécialistes contestent ses compétences diplomatiques et artistiques. Nonobstant, un fait est indéniable : elle était une grande snob. Son père, un commerçant provincial et roturier, était tellement snob que l’on le surnomma « le baron ». Le snobisme semble donc héréditaire. Dès sa tendre enfance, sa fille  dédaignait les autres enfants, tous complètement anéantis par tant de grandeur et d’aisance. Ses camarades de classe la considéraient, je cite, telle « une orchidée parmi les pissenlits ».  Plus tard, mariée à un colonel anglais, elle se mit, avec une frénésie accablante, à broder des petites couronnes sur tout son linge de maison ; elle en fit imprimer sur ses cartes de visite et son papier à lettres. C’est une occupation assez classique, même chez les snobs intellectuels. Virginia Woolf avoua que lorsqu’elle reçut une enveloppe avec une petite couronne, elle mettait celle-ci toujours au-dessus de la pile. C’est un reflex très humain. Nous sommes tous obsédés par les petites couronnes.

    Et, si j’en fais broder sur ma lingerie fine ?

    Excellente idée ! Dans le British Museum (et également dans toutes les boutiques des châteaux et palais locaux) vous pouvez acheter des sous-vêtements féminins à l’effigie d’Henri VIII (celui aux six épouses). Au demeurant : rien ne vous empêche de porter une vraie couronne pendant votre spectacle! Ou, à défaut, une tiare. Mais attention : on ne porte jamais une tiare dans un hôtel ! C’est un effroyable faux-pas ! Uniquement à des mondanités où sont conviées des altesses royales, comme des galas par exemple, ou, dans le cas présent, à des soirées privées. Si vous êtes conviée à Windsor Castle, sachez que la tiare n’y est pas obligatoire. Puisque la reine n’en porte pas toujours, mieux vaut donc s’abstenir. Afin d’éviter tout embarras.

    Et au lit?

    Soyez alors très, très prudente ! Non seulement vous risquez de blesser votre amant, vous pourriez aussi sévèrement endommager les draperies de votre lit à duchesse ou les couettes du baldaquin médiéval de votre hôte. Elisabeth II ne vous le pardonnera jamais !