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Retraite snob
Dans le cahier réservé aux visiteurs de l’exposition à l’Hôtel de Ville, consacrée à Andrée Putman, j’ai lu la phrase suivante : « Quel snobisme ! Heureusement que c’est gratuit ! ». Je suis, en partie, assez d’accord avec ce visiteur anonyme : par aubaine, l’exposition est gratuite ! Toutefois, personnellement, je n’y ai détecté aucun snobisme ! Franchement, qu’est-ce qu’elle a inventé ? Des salles de bains en carrelage en damier ? Des rééditions de meubles Art Déco ? Que du déjà-vu ! Son slogan « Le vrai luxe, c’est d’être exigeant » ? C’est un peu léger à mon avis, car même la plus jeune de mes filleules, qui fréquente encore l’école primaire, saura vous dire que l’on vit bien mieux en étant autoritaire et exclusif! What’s new ?
Soit ! la moyenne d’âge des visiteurs, qui était proche de l’âge de la retraite (j’ai même croisé un sosie de Philippe Starck !), prouve que cette exposition plaît surtout aux snobs de la patine. Marcel Aymé, dans Le Confort Intellectuel, souligne pourtant que le snobisme, « cette libre et bénévole propagande au service des idées », nécessite « une bonne part de frivolité et d’instabilité qui en assure le renouvellement. ». Ainsi « Un snobisme chasse l’autre, dit-on très justement ou plutôt disait-on. »
Car, hélas !, l’auteur constate que le « véritable » snobisme a rendu l'âme vers la fin des années 20 du siècle dernier. Et à quoi ou à qui doit-on ce « malheur » ? Qui en est responsable ? Qui a transformé nos « engouements passagers » en « acquisitions définitives de la sensibilité bourgeoise » ? Devinez ! Non, ce n’est pas la faute à Brice Hortefeux cette fois-ci !
« Ils prennent tout très au sérieux et ne gardent plus par devers soi cette légère réserve d’ironie qui permettait autrefois d’oublier et de repartir ». Et oui, mes chers, le monde est devenu barbant !
Marcel Aymé étant décédé lui-même, vous avez quand même une chance quasi indécente de m’avoir ! Vous êtes des petits veinards ! Grâce à moi, vous ne perdez pas votre sens de la dérision ! Grosso modo : grâce à moi, vous resterez éternellement des snobs jeunes ! Pendant que les conformistes avec leur petite tête bourgeoise creusent, pour ainsi dire, leurs propres tombes ! Cela les apprendra à ne pas céder la place aux jeunes et à idolâtrer des personnages, qui méritent pourtant une retraite (ou un tombeau) dans une province ultra-profonde depuis belle lurette. Sans omettre ces fils et filles (et parfois même des bâtards) de célébrités, mortes et vivantes: un phénomène fort rependu dans votre adorable pays et auquel beaucoup de snobs sont très réceptifs, comme si l’intelligence et le talent étaient génétiquement transmissibles. Alors que l’Histoire a amplement prouvé, que ces qualités puissent sauter plusieurs générations ou encore, disparaître à jamais !
Enfin !, laissons ces naïfs et ignares à leur besogne, et profitons du moment, pour saluer nos nouveaux lecteurs en République Tchèque, en Roumanie, en Moldavie, au Brésil, au Mexique et last but not least, au Maroc ! Avis aux nouveaux plagiaires : n’ayez crainte, je ne vous poursuivrai pas ! Vous me flattez trop !! Cependant, j’ai dû constater avec une légère déception, en consultant ma boîte aux lettres, que vous n’aviez guère été généreux, suite à mon appel lancé le 6 décembre à propos de la fête de Saint Nicolas. A ce jour, je n’ai eu aucune livraison de la part de la maison Deutz.
Singulièrement vôtre,
Anton@snoblissime.com