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Pauvres snobs
Il n’est pas honteux d’être pauvre, mais c’est bien gênant quand même. Malheur à nous, pauvres snobs dont le train de vie est si frivole et vulnérable. Comment survit-il, soudainement raide comme un passe-lacet, pauvre comme Job? Certes, le snob, voire tout être humain, peut faire appel à des astuces « psychologiques » afin de combattre la crise et la paupérisation, avec élégance et distinction. L’essentiel est qu’il ne perde pas sa dignité, son maintien, sa contenance : même lorsqu’il est contraint de s’installer chez les barbares, il respecte strictement les règles de l’étiquette en vigueur. Mais il peut aussi, par exemple, pour confirmer sa supériorité ou sa position d’homme ou femme du monde, s’en moquer pleinement. Certes, ces facettes antithétiques du snobisme valent ce qu’elles valent, cependant elles ont le grand avantage d’être des actes gracieux, voire gratuits, et démocratiques : l’étiquette ne s’adresse-t-elle pas aussi bien au roi d’Espagne qu’à ses aides ménagères ? Quant à la nonchalance, a-t-on vraiment besoin de noter, qu’elle n’est pas une affaire de classes non plus ?
Prenez l'exemple de Diogène, un des premiers snobs de l’impécuniosité qui était vêtu d'un manteau démodé, qui allait pieds nus, qui dormait dans une jarre et ne possédait rien d'autre que les aumônes de ses auditeurs et contributions de ses mécènes. Il a réussi à faire plus parler de lui, de ses haillons et de son tonneau pendant 24 siècles que d’autres avec leurs manteaux en zibeline et leurs palais et châteaux….