-
"Nous sommes tous le snob de quelqu'un"
Antonius Moonen explique le snobisme à l’occasion des 50 ans de la mort de Boris Vian.
« Nous sommes tous le snob de quelqu’un »
Recueilli par Karine Papillaud
« Je suis snob, encore plus snob que tout à l’heure », chantait Boris Vian en 1954. Cinquante ans après sa mort, le snobisme reste une valeur intemporelle, même en temps de crise. Antonius Moonen, l’un des spécialistes du sujet en Europe, fait le point sur cette attitude indémodable.
A quoi reconnaît-on un snob ?
Antonius Moonen : Nous sommes tous des snobs. Nous connaissons tous des snobs et nous sommes tous le snob de quelqu’un. Le snobisme se nourrit de nos envies, très humaines et saines, d’être unique et de vouloir grimper dans l’échelle sociale.
Un snob porte-t-il une Rolex à 50 ans ?
Porter une Rolex révèle, à tout âge, d’un snobisme « primaire ». C’est fréquent chez le nouveau riche qui a besoin d’accessoires pour confirmer son statut.
C’est quoi, la journée type d’un snob ?
Il n’y a pas de journée type d’un snob. Le vrai snob a horreur de choses prévisibles. L’essentiel est de goûter aux choses exceptionnelles, de fréquenter des gens hors du commun, de ne pas se contenter d’un ersatz.
Paris est-il aussi fièrement snob qu’à l’époque de Vian ?
Non. Les Parisiens sont devenus un peu trop conservateurs. On voit toujours apparaître les mêmes noms d’artistes (Starck), de restaurants (Costes), de décorateurs (Garcia). Il n’y a que peu de place pour des nouveautés. Or, pour bien fonctionner, le snobisme a besoin de changements, sinon il perd sa frivolité et son humour. Quand il stagne, il devient pédant. C’est le travers du parisianisme.
Le snobisme est-il une contre-culture ?
Il peut l’être. Le snobisme « illuminé » du dandy était surtout une manifestation contre l’uniformisation et la culture de la masse. Par ailleurs, l’anti-snobisme et l’underground se transforment fréquemment en un réel snobisme.
Où part le snob en vacances : à Saint Trop’ ou dans l’Arctique ?
Les pôles, loin d’être des endroits mondains, correspondent mieux aux « nouveaux » luxes, comme l’espace, le silence et la simplicité. Au demeurant, certains snobs préfèrent rester à la maison quand tout le monde s’apprête à partir…