• Dandy vs Snob

     

    Autrefois, une journaliste de VOGUE Allemagne m’a désigné comme «bien plus haut qu’un snob : un dandy. » J’étais (c’était le premier article me concernant donc pas encore très blasé) très flatté mais (comme expliqué quelques mois après lors d’un thé en face du Dôme de Cologne où je fais annuellement mes acquisitions en eau chez la maison 4711) ce titre m’accablait. C’est comme une étoile « Michelin ». Ou deux ou trois. Des véritables dandys il n’en existe que très peu (logique car c’est un fin de race). Certes, on peut tous s’acheter une jolie cravate ou aller chez tel ou tel couturier. Quant à l’esprit (le dandy est un snob supposé « spirituel » voire mystique), fâcheusement, aucun commerçant en propose.

    C’est fort dommage que William M. Thackeray ne réalisa pas son vœux  d’écrire un chapitre pour son Book of Snobs (notez en passant que j'ai écrit la préface de la version "kindle") au sujet des « Snobbish Dandies » (c’est ainsi que l’auteur les nomme). A l’époque, il y en avait certainement beaucoup plus et parmi eux des spécimens vraisemblablement très attachants. Généralement le dandy – qu’il soit brillant ou pas- se place au dessus du snob lambda : il est vrai qu’en matière de finesse, les snobs disons primaires ont encore beaucoup de choses à apprendre. Puis le dandysme est uniquement une affaire d’hommes : raison de plus pour se sentir supérieur au snobisme qui s’adresse vulgairement aux deux sexes. Etymologiquement, le mot « dandy » est plus ancien que le mot « snob », mais qu’est-ce que cela représente un demi siècle dans notre Histoire linguistique ? Rien probablement.

    D’ailleurs, qui était le premier ? se demandent maintenant les snobs de la patine. Le dandy ou le snob ? Indubitablement, Adam aurait eu du mal à se vanter être un dandy, considérant sa nudité. C’est Eve, sa femme, la première snob répertoriée dans l’histoire de l’humanité et pour cause : elle est la première à connaître la lassitude. Et dans cette connaissance qu’elle absorbe en croquant la pomme, elle trouve la honte de la nudité. L’homme, dès lors, ne pourra plus se contenter de son simple appareil, de son humanité toute nue. Depuis, il cherche à se masquer, à se maquiller, à se dissimuler face aux autres, à « parler en-dessous ». Eve a accouché la comédie sociale, donc du snobisme. En l’occurrence du dandysme aussi.

    En bref : personnellement je préfère être "snob" que "dandy" car ce dernier doit toujours être impeccable et sublime. Rien qu'en écrivant ces mots, je ressens une immense fatigue m'envahir. Moi j’ai grand besoin de mon laisser-aller et de mon étourderie  !