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Anti-vol snob
« Supposer, comme nous supposons tous, qu’on peut être riche sans se comporter tel un riche, est comme supposer que nous pouvons boire toute la journée et rester absolument sobre. », écrit Logan Pearsall Smith dans Afterthougts. Et plus loin : « Le malheur, quand on est riche, c’est qu’il faut vivre avec les gens riches. » Toutefois, comme Gabriel Matzneff dans L’Archange aux pieds fourchus, on peut y échapper car la liberté n'a pas de prix, elle est essentielle à sa survie : "Je me suis installé dans ce personnage de clochard de luxe qui est le seul qui me permette de ne pas déchoir." Il s’explique : "Je suis inapte aux responsabilités, inapte à la vie sociale, inapte aux autres."
Selon l’auteur, le dandysme c’est avant tout une question de détermination et d'ascétisme : c’est « le désir d’être en toutes circonstances sublime, c’est-à-dire supérieur aussi bien à la tentation du désespoir qu’à celle du conformisme social. » Forcément, tout le comportement du dandy est une protestation contre la société, mais aussi contre la raison. « Il ne sert à rien de se rebeller contre le sort. On y perd son temps, son équilibre nerveux, sa dignité. »
Ainsi, l’abstention serait un snobisme aussi, car, toujours selon l’auteur, « être un dandy, c’est aimer les belles choses, mais la fleur suprême du dandysme est de pouvoir s’en passer. »
Matzneff fait même l’éloge de la vertu purificatrice du cambriolage qui nous allège ! Il faut ici constater que les pauvres sont plus souvent volés que les riches, non seulement parce qu’ils sont, statistiquement, nettement plus nombreux, mais sans doute aussi parce qu’ils sont moins bien protégés, qu'ils n'ont pas de coffres forts et qu'ils sont donc obligés de confier leurs épargnes à une banque du cru. Ils n’ont pas les moyens de se payer un aller-retour et éventuellement un petit séjour (avec spa) dans un hôtel cinq étoiles à Zurich, à Vaduz ou au Luxembourg, ou d’avoir un système d’alarme dernier cri. Cependant, nous précisons qu’ils ne sont pas pauvres parce qu’on les dérobe constamment de leurs biens! Au contraire : généralement, la pauvreté fait frémir les voleurs autant que les préservatifs font frissonner le pape. Faites-vous une réputation d’homme ruiné ou de femme appauvrie, et vous seriez entièrement tranquilles. Profitez de la crise financière! Comme anti-vol efficace (et économique) vous ne trouvez pas mieux sur le marché.