• Présidents snobs (2)

     

    Le snobisme de la famille est très répandu aux Etats-Unis. Tout Américain espère un beau jour retrouver un marquis français ou une comtesse irlandaise parmi ses ancêtres ou avoir les moyens financiers de les acheter par l’intermédiaire d’un généalogiste certifié. Tous les présidents américains adorent fréquenter des têtes couronnées qui elles, d’un air relativement blasé, se fichent des scrutins et sondages. Comme s’ils cherchaient à obtenir leurs faveurs ou  les mêmes privilèges. Franklin Roosevelt et son épouse Anna Eleanor aimaient particulièrement côtoyer, sans doute à cause de leurs ascendants hollandais, la princesse Juliana, la future reine des Pays-Bas. Il est à noter que le nom de famille de jeune fille de cette First Lady était identique à celui de son époux : Eleanor et Franklin Roosevelt avaient un ancêtre commun, le Hollandais Claes Martenzen van Roosevelt qui débarqua à la Nouvelle-Amsterdam (future New York) vers 1640. Ses deux petits-fils, Johannes et Jacobus ont fondé les deux branches de la famille, celle de l’Oyster Bay (Long Island) et celle d’Hyde Park. Eleanor et son oncle (et autre président des USA) Theodore Roosevelt descendaient de la branche aînée, tandis que Franklin Roosevelt était issu de la branche cadette, celle de Jacobus.

    Certains exagèrent leur snobisme généalogique. Idem dito ceux qui se marient avec des cousines ou des cousins afin que la fortune familiale ne se disperse pas trop. « L’argent est au pouvoir. Lignage et éducation ne veulent plus rien dire. » constate la comtesse Cardigan dans My recollections publiées en 1908. Or, pour être accepté par cette vieille élite dont la comtesse faisait partie, il fallait être riche, très riche. Mais les nouveaux riches s’achetaient des titres en les étalant sans aucune pudeur. Ils étaient même admis à Buckingham Palace. Puis, soudainement, les mariages entre aristocratie et Haute Finance deviennent une banalité. À la fin du 19ème siècle, un quart des banquiers éminents anglais avait un aristocrate comme beau-père !

    Les mariages avec des Américaines richissimes couvraient alors les pages mondaines des quotidiens. La duchesse de Marlborough, née Vanderbilt, paya intégralement la note pour l’hôtel particulier du duc. Sa dot s’éleva à deux millions de livres. Lady Londonderry, autre aristocrate de l’ancien régime, observa pareillement avec horreur, que la high society avait disparue. « Elle ne représente plus que la richesse et la publicité. Elle ne représente plus ce qu’elle était jadis. Il est important de s’en rendre compte… L’Angleterre s’est américanisée. »

    Oscar Wilde va même jusqu’à prétendre que les deux pays n’ont plus rien désormais qui les distingue : « sauf, bien entendu, le langage ». Forcément, vous vous en doutez, l’accent texan n’est pas snob pour un kopeck.