• Italiennes snobs

    Je vais sans doute vous décevoir: il n’y a pas que la Parisienne qui est snob. Les Madrilènes, Berlinoises, Londoniennes, New-yorkaises ou Moscovites la font bien souvent de l’ombre ! Certes, elle est la plus snob dans un contexte national, mais à l’échelle mondiale, je pense toutefois que c’est l’Italienne qui aura les meilleurs résultats. Certaines mamans de la péninsule semblent même disposées à offrir leurs filles au chef d’état afin de devenir la belle-mère de celui-ci ! Généralement, les Italiennes et Italiens pratiquent leur snobisme librement :  il faut toujours faire « bella figura ». D’où leur penchant pour les accessoires. En conséquence, on constate que la coquetterie y est aussi bien féminine que masculine. Et il n’y a pas que les Romaines qui sont snobs. Au demeurant, en raison de l’omniprésence du Vatican (ce qui les rend, forcément, moins impressionnables), le snobisme ecclésiastique est peu entretenu à la capitale italienne. Ne commettez donc pas le même faux-pas que ces étrangers qui tombent en extase devant le colonel des gardes suisses ou à genoux devant chaque cardinal ou monsignor chanoine qu’ils croisent. Restez blasés !

    Parmi les Florentines (que certains historiens soupçonnent responsables de la naissance de maint objet de luxe), les Milanaises (destination inévitable pour les snobs de la mode), les Vénitiennes ou encore les Napolitaines, on compte également beaucoup de snobs. Notons que chacune de ces villes provinciales a sa propre aristocratie (et son snobisme résultant), dont les origines remontent souvent jusqu’au Moyen-Âge, et qui est encore très respectée. D’ailleurs, lors de la sortie de mon premier livre en Italie, une comtessa du cru (dont les ancêtres remontaient jusqu’au IX siècle !!) m’avait gentiment susnommé « un ayatollah du snobisme ». Avec une telle publicité, le livre fut évidemment un grand succès. Etrangement, son éditeur n’a jamais trouvé nécessaire de payer mes droits d’auteur. Rassurez-vous, j’ai un avocat très snob, dont l’étude loge dans un palazzo historique du XVII siècle. En Italie, c’est quasiment une banalité.

    Lorsque vous souhaitez obtenir la nationalité italienne, le mariage reste le moyen le plus certain et diligent. Si vous doutez de la continuité du snob-appeal du président italien actuel, demandez à votre maman d’organiser un rallye quelque part dans le nord de la Sardaigne avec quelques célibataires de l'aristocratie piémontaise ou toscane. Notez qu’en Italie les titres sont généreusement distribués (Commendatore, Dottore, Cavaliere, Ingegniere, Maestro et cetera), que les titres nobiliaires y sont usités dans la conversation et que le moindre ministre, diplomate ou évêque s’y fait appeler Eccellenza. Sûr que vous y trouverez chaussure à votre pied. Pour le catering ? Tranquillisez votre maman : je la présenterai à deux cuisinières siciliennes de renommée (le hasard a voulu qu’elles soient princesses authentiques et certifiées) qui s’occuperont merveilleusement de vous ! Votre mère sera aux anges !

    Quant à vous, je vous souhaite bon vent ! N’oubliez pas que l’Italien a la réputation d’être un mari jaloux et un chef de famille autoritaire. Prévoyez donc un contrat de mariage « bétonné » ; je vous mettrai éventuellement en contact avec mon avocat, cela va de soi. Pour le divorce prononcé par le Saint Père lui-même, suivi d’un petit drink, très informel bien sûr, dans la tribune du patriciat de la basilique vaticane, il se peut que son secrétariat vous fasse attendre longuement. Mais si vous n’êtes pas pressée, ça vaut le coup d’être patient, car je suis persuadé que les correspondants romains de Gala ou Point de Vue en parleront dans leurs futures rubriques mondaines. Peut-être même que la rédaction décide de vous consacrer un reportage entier ? Faites ce petit plaisir à votre mère, après tout ce qu’elle a enduré, elle mérite bien une récompense ! Partez ensuite (vous le pouvez, grâce à mon avocat) faire une visite ravageuse aux boutiques de Vhernier et Bulgari à Capri.

    Je devais postuler pour le poste d’ambassadeur d’Italie, vous ne trouvez pas ? Eccellenza Anton, ça m’irait très bien !