• Bijoux snobs

     

    Ce ne sera pas la première fois (ni la dernière !), que je consacre mon temps à la promotion de la force orgueilleuse et bienfaisante des pierres. En dépit de la crise qui nous contraint à demeurer politiquement corrects et à faire « profil bas »!  En dépit de ceux qui aimeraient que chaque émeraude chargée de pouvoirs occultes, chaque diamant à l’éclat souverain, chaque saphir aux reflets éblouissants, chaque opale maléfique, chaque rubis mystérieux, chaque topaze ayant appartenu à un sultan exécrable, chaque perle qui s’humanise jusqu’à savoir mourir, soit enterré dans un coffre-fort ou un musée, comme si l’heure de la renaissance du parti communiste avait sonné ! Pouah !

    Par aubaine, il n’y a pas que des bijoux d’une époque antique, des bijoux célèbres d’une reine décapitée ou des bagues de fiançailles tellement énormes qu’elles font déclancher le système d’alarme des aéroports ! N’omettez pas vos bijoux de famille ! Ils sont parfois assez simples, néanmoins snobs : portez-les surtout lors de votre demande de prêt auprès de votre banquier, car ils inspirent confiance. Il y a aussi des bijoux dits romantiques dont la monture ne sertit pas des pierres de grand prix mais du corail rose, des grenats, des améthystes, des turquoises, des perles de culture ou des émaux. Peu importe qu’il soit coûteux ou faux : le bijou attendrit notre époque tourmentée. D’ailleurs, ce n’est pas une coïncidence que l’on inventa le « strass » dans l’entourage de la bonne société endettée de la cour de Louis XV. C’est Georges Frédéric Strass, bijoutier de métier, qui eut l'idée en 1746 de confectionner des bijoux à bas prix avec des faux diamants. Ainsi les aristocrates déchus pouvaient briller à leur guise. Car malgré la matière douteuse qu’il travaillait, Strass avait le droit de se présenter comme « joaillier du roi ».

    Vous pouvez également fabriquer vos propres parures comme des colliers avec des bouchons de champagnes de grande marque, des amulettes avec des couvercles de boîtes de béluga ou demander des conseils à Christofle pour transformer vos couverts en bijoux «barbares ». Quand on est pauvre (ou paresseux), il faut être inventif. Ce qui explique, au demeurant, pourquoi les pauvres (et les paresseux) sont souvent plus intelligents que les riches, même si les enjeux ne sont pas les mêmes.

    La bijouterie dite de voyage ou fausse joaillerie est toutefois considérée comme un horrible faux-pas à Beverly Hills. Egalement proscrites à Beverly Hills sont les promenades à pied : vous risquez d’être pris pour un vagabond et de terminer au commissariat central.