• Afro Snobs

    Mon Petit Bréviaire du Snobisme a déjà été traduit dans plusieurs langues exotiques (sans omettre une version piratée en Serbe !), mais pas encore en Afrikaans. Je sais, vous avez gardé un sentiment acrimonieux des prestations honteuses de vos footballeurs dans ce joli pays, malgré leur hôtel à cinq étoiles au bord de l'Océan Indien, nonobstant jugé « indécent » par votre secrétaire d’état… 

    La politique de l’apartheid appartient désormais à l’Histoire, et c’est une bonne chose. Quant au snobisme, il n’a jamais fait de discrimination entre les variétés de carnations qui peuplent ce monde. Ainsi la cérémonie du thé, le Théâtre Nô, l’ikebana ou la consommation de certains bordelais, sont toujours le privilège des nobles et riches Japonais. Le faste des certains maharadjas indiens restera sans doute un des plus flamboyants de notre Histoire. Par ailleurs, actuellement, en Inde (accessoirement le pays qui compte le plus de végétariens), ses citoyens prospères aspirent de plus en plus, par snobisme, à devenir des consommateurs insatiables de viande, y compris celle de vaches sacrées ! Et en Chine ou à Taiwan, on s’en doute, grâce à notre consommation fulgurante de produits asiatiques, le nombre de snobs ne cesse d’accroître quotidiennement.

    Il y a des gens de couleur dont l’amour-propre et le snobisme sont indéniables. Mohamed Ali, Whitney Houston, Prince, Barack et Michèle Obama, Noami Campbell, Malcolm X, Bokassa I, Michael Jackson ; des présumées princesses nubiennes (que l’on croise par douzaine à Paris) aux « sapeurs » de Brazzaville ou de Barbès : tous nous prouvent que le snobisme, qu’il soit « bling-bling » ou « bang-bang » (voire panafricaniste), n’est pas uniquement réservé au type caucasien.  Quelques aspirants expérimentent même (parfois pathétiquement) une carnation plus claire, bien que le snobisme de la peau blanche, naguère un symbole d’appartenance noble, ait disparu depuis plus d’un siècle. Pour votre gouverne : jetez un œil sur le blog de ma chère collègue américaine Danielle Belton (www.Blacksnob.com). 

    Au demeurant, selon certaines sources, les Sénégalais et les Mozambicains seraient plus snobs que les Ivoiriens ou les Camerounais. Je suppose que c’est comme chez nous, où les Suédois snobent les Finlandais, les Espagnols les Portugais, les Flamands les Wallons, et cetera.

    Et en Afrique du Sud ? Souvenez-vous de Winnie Mandela (et ses gardes du corps peu recommandables) et son ex-mari (et ses amis « stars » tels les Spice Girls, Amy Winehouse, Robert de Niro, Elton John, Cherie Blair et Uma Thurman) : tout nous laisse croire que le snobisme s’apprend très vite ! Si, d’aventure, vous y envisagez un séjour au calme (maintenant que les fanatiques du foot ont quitté les lieux), n’oubliez pas d’effectuer un petit voyage dans le luxueux Train Bleu (entre Johannesburg et le Cap) et, si vous êtes un snob culinaire, de déguster un bifteck de crocodile ou une poignée de chenilles grillées. Le snob à vin, après avoir fait quelques fouilles dans une mine de diamant (ou après avoir chassé une horde d’antilopes), se rafraîchira avec un verre d’un « Estate » (au sommet des appellations sud-africaines) en bavardant avec le chef d’une tribu hottentote ou en lisant le petit résumé en Afrikaans de mon Bréviaire ci-après (par la linguiste/écrivain Zandra Bezuidenhout), afin de ne pas passer pour un vulgaire touriste. 

    Singulièrement vôtre,

    anton@snoblissime.com